Glossaire.

Cracovie, septembre 1918. La guerre étant imminente dans la Pologne occupée par les Russes, Karla et Jerzy Wojczak confient leur petite Zofia à la garde de sa tante Alicia, détentrice d'un passeport français. C'est ainsi que la fillette, âgée de 6 ans, quitte le pays avec pour seul bagage une poupée dans laquelle sa maman a cousu un trésor familial. Les deux exilées trouvent refuge à Saint-Jérôme, petit village québécois des Laurentides, où leur compatriote Szera Zuckerman tient une pension pour réfugiés dans le manoir anciennement connu sous le nom de château Craig. Dans cet antre chaleureux dont le grenier a été aménagé en classe et en bibliothèque, Zofia reprend peu à peu le cours d'une vie normale. Les rires, les repas, les jeux ou encore les soirées autour du gramophone qu'elle partage avec les autres enfants de la place lui donnent la force de surmonter les cauchemars qui hantent ses nuits. Ce qui ne l'empêche pas de guetter avec impatience les lettres de ses parents, qui tardent à se manifester, même après la libération de la Pologne... Près d'un siècle plus tard, en 2008, les élèves de l'école de la Fourmilière découvrent l'histoire de Zofia et de sa poupée, guidés par la charmante madame Za, qui leur fait découvrir la mystérieuse cave où les Polonais mettaient à l'abri leurs biens les plus précieux...

Un roman historique porté par une plume d'une grande sensibilité qui lève le voile sur un pan sombre et méconnu de la Première Guerre mondiale, ainsi que sur l'histoire des immigrants polonais ayant trouvé refuge au Québec. Nul apitoiement dans ce récit nourri de rires et de chaleur humaine qui célèbre la force morale, l'entraide, la solidarité et la joie de vivre des réfugiés de guerre rassemblés en une petite communauté forte et unie, à l'image d'une grande famille. Quelques mots polonais, définis dans le glossaire en fin d'ouvrage, émaillent par ailleurs la trame à laquelle on a intégré le mythe fondateur de Cracovie. Cette légende confère une touche de mystère bienvenue au récit, alors que la caverne du dragon gardien d'un trésor qui y est évoqué est habilement mise en parallèle avec la cave dans laquelle les protagonistes entassent leurs biens familiaux. Cette cave, qui est source de frayeur pour la fillette à l'imagination féconde, existe d'ailleurs toujours aujourd'hui et est véritablement visitée par les élèves des écoles La Fourmilière et Marieboisé (mis en scène dans le dernier tiers du roman), qui ont été érigées sur les terrains du château Ernest Craig, détruit dans les années 1980. Une oeuvre d'une grande finesse qui dresse d'une période sombre un portrait un peu idéalisé, certes, mais néanmoins bouleversant de justesse.

E++ 5.